Alors que la BCE annonçait à midi maintenir ses taux directeurs inchangés malgré le Brexit, une annonce qui inquiètera les spécialistes est tombée: le bilan de la BCE atteint désormais les 3.249 milliards. Pour mémoire, il y a dix-huit mois, ce bilan ne dépassait pas les 2.000 milliards. La progression pendant cette période dépasse donc les 50%
La BCE finance largement les dettes des entreprises
Cette progression record s'explique essentiellement par la croissance très rapide des obligations d'entreprises. En un an, la BCE est devenue la principale source de financement des grands groupes européens. Au demeurant, cette situation résulte des choix opérés par le directoire de la banque l'an dernier. On se souvient que la BCE avait décidé d'acheter pour 60 milliards d'euros mensuels des obligations d'entreprises.
La BCE peut-elle encore être un prêteur en dernier ressort?
Dans la pratique, le fameux Quantitative Easing à l'européenne se traduit donc par une contamination des actifs de la Banque Centrale Européenne. En cas de retournement ou de moins-value sur ces actifs, la BCE risque en effet de se trouver en forte difficulté.
Rappelons que la banque centrale ne dispose que de 100 milliards € de fonds propres, soit 3% des risques qu'elle porte. Les amateurs de ces petits jeux pourront s'interroger sur la capacité de la BCE à surmonter les stress tests auxquels elle soumet les banques de l'Union.
Dans tous les cas, la prise de risque est donc forte. En cas de krach financier, on voit mal comment la BCE pourrait jouer son rôle de prêteur en dernier ressort. Sa situation serait en effet très délicate...
La BCE a-t-elle retenu les leçons de 2008?
Au final, c'est la capacité de la BCE à comprendre les leçons de la crise de 2008 qui est ici pointée. Dans quelle mesure l'Europe est-elle équipée pour faire face à un retournement conjoncturel majeur? Si ce risque devait se réaliser, le coup de grâce serait sans doute donné à l'Union.